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 Rosemary Mills

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MessageSujet: Rosemary Mills   Rosemary Mills Icon_minitimeDim 1 Jan - 21:54

LETTRE DE MADAME ROSEMARY MILLS

Ecrit en 1985 :


« Qu’on me permette avant toute chose de me présenter, car en l’an 2010, j’aurai 70 ans et il se pourrait que je sois l’une de vos patientes. Comme je risque d’être incapable de vous communiquer alors mes désirs, je profite de l’occasion qui m’est donnée aujourd’hui de le faire, et vous dire comment j’aimerais que l’on me soigne, si je devais faire un séjour prolongé en gériatrie.

Tout d’abord, je voudrais conserver mon identité : je suis Mme MILLS et c’est ainsi que je souhaite que l’on m’appelle. Je ne veux pas devenir « mémé », ou « Rose », ou « la dame du numéro neuf », mais garder le nom auquel j’ai toujours été habituée rester Rosemary MILLS.

Une des choses les plus importantes pour moi est l’indépendance. Pourrais-je bénéficier d’une chambre individuelle ? Probablement pas, mais alors, l’infirmière, voudrez-vous bien veiller à ce que les rideaux soient tirés autour de mon lit lorsque l’on procède à ma toilette ou à mon habillement ?

Si l’on doit me laver, voudrez-vous bien vous assurer que l’eau est assez chaude, et non pas tiède. Je ne supporte pas de faire ma toilette à l’eau froide, et je le supporterai encore moins lorsque je serai âgée. Veillez s’il vous plaît, à bien m’essuyer, car il n’y a rien de plus désagréable que d’être à moitié sec. Si l’on me baigne, que l’on ménage mon intimité et ma dignité dans la mesure du possible. Soyez assez gentille pour chauffer ma serviette de toilette, je vous en serai très reconnaissante.

En tant qu’infirmière, j’ai toujours fait très attention à mes ongles, aussi j’espère qu’on les gardera courts et propres ; d’autre part, j’aurai probablement besoin de soins de pédicure toutes les deux ou trois semaines.

Si je ne suis pas capable de m’habiller moi-même, j’espère que l’infirmière qui s’en occupera s’efforcera de soigner mon apparence. J’aimerais qu’elle veille à harmoniser mes tricots et mes blouses à mes jupes. Qu’on ne m’attife pas de vieux bas ou de collants filés, qu’on ne laisse pas mon jupon dépasser du bas de ma robe, et de grâce, qu’on ne noue pas mes bas juste au-dessus du genou !

Et puis, pourrais-je avoir les cheveux coiffés une fois que je serai habillée ? Ah, bien sûr, j’espère que vous n’oublierez pas de me laver les dents !

J’aimerais être coiffée une fois par semaine, mais qu’on ne s’avise pas de me mettre des barrettes ou des rubans de couleur dans les cheveux.

Quelquefois, j’irai au salon : si seulement nous pouvions y être au calme ! Je suis sûre qu’il n’est pas nécessaire de laisser la télévision allumée toute la journée, sans même se soucier de savoir si quelqu’un la regarde ...

S’il y a des livres près de moi, assurez-vous, je vous prie, que j’ai bien mes lunettes, sinon je serais dans l’impossibilité de lire.

Si lors des repas, je suis incapable de couper mes aliments, j’espère que vous voudrez bien le faire pour moi. S’il le faut, je ne vois pas d’inconvénient à manger avec une cuillère, pourvu qu’on me serve dans un plat creux, et non pas dans une assiette plate où je serais condamnée à chasser sans fin mes aliments. Pourrais-je avoir une serviette – une en papier fera parfaitement l’affaire- pourvu qu’on ne me mette pas une bavette ...

Ne manifestez pas d’agacement ou de réprobation si je recrache mon thé ou d’impatience par ce que je suis si lente, et n’entreprenez pas de me donner la « becquée » avant d’être assurée que ne n’ai vraiment plus la force de m’alimenter moi-même.

Si je devais devenir incontinente, pourrait-on continuer à me traiter comme un être humain ? Abstenez-vous de froncer le nez de dégoût lorsque vous découvrirez un lit mouillé en retirant les draps.

Ne me traitez jamais de « dégoûtante », ne me réprimandez pas, ni ne me mettez dans l’embarras, et ne pensez jamais que je « le fais exprès ». Je souhaite que l’on me fournisse des tampons et des culottes spéciales, et qu'on s'abstienne de me poser un cathéter pour des raisons purement pratiques. Je ne veux pas me promener avec un sac à urine, qui constituerait un objet de curiosité pour mes petits-enfants, et une gêne pour moi.

J’aimerais que l’on m’amène aux toilettes régulièrement, qu’on me change, et ne me laisse pas clouée sur une chaise toute la journée sous prétexte qu’il est inutile de s’occuper d’une personne incontinente. Ce serait gentil de votre part de manifester de l’intérêt pour ma famille, pour les photos exposées sur ma table de nuit ou pour mes petits-enfants lorsqu’ils me rendent visite, mais peu charitable de me demander pourquoi ma fille ne s’occupe pas de moi, ou pourquoi mon fils et ma famille ne m’ont pas accueillie chez eux. Peut-être suis-je trop handicapée pour qu’ils puissent prendre soin de moi, ou ils ne sont pas prêts à faire l’effort, mais quelle que soit la raison, je ne désire pas que l’on soulève ces questions.

Je serais heureuse de pouvoir faire de temps à autre une sortie, une excursion en mini-bus pour voir les arbres en fleurs et les agneaux, au printemps, la mer en été ou tout simplement m’installer dans le parc lorsque le temps le permet.

Si je suis un peu « gâteuse », et ne comprends pas bien vos souhaits : ne criez pas, je vous prie, vous ne feriez que m’agiter et me troubler davantage. Je risquerais même de devenir agressive, mais si vous me traiter avec douceur, tout ira pour le mieux.

Mon univers sera bien plus réduit lorsque je serai en gériatrie, aussi faites-moi participer à votre monde. Parlez-moi de votre famille, de vos amis, racontez-moi vos journées de congé. Laissez-moi vous parler du temps jadis, et feignez d’être sincèrement intéressée lorsque je vous répèterai ce que je vous ai déjà dit la veille et l’avant-veille ...

Songez que si une jeune infirmière se marie ou donne le jour à un enfant, de voir la mariée dans toute sa splendeur ou le nouveau-né, serait pour moi un évènement digne d’occuper ma pensée pendant des semaines.

Mes désirs et besoins pourront vous sembler sans limites, et pourtant, ce ne sont que des exigences banales et normales : je veux avoir chaud, je veux être bien nourrie, et avoir une personne aimable pour prendre soin de moi. Je vous ai donné matière à penser, et je crains que vous deviez pensez non seulement à moi, mais également pour moi.

Je suis sûre , chère infirmière et collègues, que vous appliquez déjà tous les principes énoncés ici, mais vous devez aussi les transmettre aux jeunes infirmières, car, en l’an 2010, je veux être soignée par des expertes, aussi aimables que consciencieuses.

Et, après tout, ne le voudriez-vous pas ? »
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