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 HISTOIRE VRAIE : LE CAUCHEMARD DE LORD DUFFERIN

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assunta
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Nombre de messages : 219
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MessageSujet: HISTOIRE VRAIE : LE CAUCHEMARD DE LORD DUFFERIN   HISTOIRE VRAIE : LE CAUCHEMARD DE LORD DUFFERIN Icon_minitimeLun 3 Oct - 10:11

Source : http://entite.over-blog.com/

Le cauchemard de Lord Dufferin

« Milord, la chambre de Milord est prête ! Il y a un bon feu dans la cheminée et aussi… une bouteille de très vieux brandy, juste au cas où Milord ne trouverait pas le sommeil tout de suite. »
- Merci, mon ami. Comment vous nomme-t-on ?
- Jenkins, Milord.
- Eh bien, Jenkins, votre attention me touche. Mais je pense que je n’aurai pas besoin de somnifère. Cette journée de voyage m’a littéralement épuisé, et je n’ai qu’une pensée, c’est de me glisser entre les draps !

- C’est que, Milord, de tels déplacements ne sont plus de nos âges, si je peux me permettre de donner mon opinion…

- Vous pouvez, Jenkins, vous pouvez ! Et je vous approuve totalement ! Le bateau, passe encore, car un véritable Anglais se doit d’avoir le pied marin… Mais les chemins de fer sont une invention du diable, en vérité ! Les banquettes semblent avoir été faites pour des galériens plutôt que pour des honnêtes gens et je me suis pris une escarbille dans l’œil !

- Je compatis, Milord, mais je puis assurer Milord que le climat de la verte Irlande saura lui faire rapidement oublier ces moments pénibles. Déjà, après une bonne nuit de repos, je suis persuadé que Milord se sentira bien mieux ! Quant à moi, je m’efforcerai de faire autant que possible comme mon maître l’a souhaité avant son départ.

- Ah ? Et qu’a donc souhaité de particulier mon vieil ami Trelawney ?

- Il a dit très exactement ceci, Milord : « Pendant mon absence, Lord Dufferin va venir séjourner ici. Son poste d’ambassadeur à Paris lui a donné tout le temps de se ruiner la santé à coups de bons repas, de champagne et de galantes compagnies. Il est urgent pour lui de mener une vie saine et reposante. »

- Tiens, tiens… Il a dit cela ?

- Il l’a dit, Milord, sauf votre respect ! Il a ajouté : « Lord Dufferin est pour moi comme un frère, en conséquence j’entends qu’il se sente ici chez lui et, à mon retour, si j’apprends que l’on a manqué à devancer un seul de ses désirs, je vous en tiendrai pour personnellement responsable, Jenkins, et je me ferai un devoir de vous botter les fesses ! »

- Diantre, Jenkins, il a vraiment dit cela ?

- Pour être précis, Milord, mon maître a employé une expression… plus rude. Il faut dire que, depuis tant d’années que je suis à son service, Monsieur a acquis avec moi un certain… franc-parler, si Milord voit ce que je veux dire !

- Je vois, Jenkins, je vois. Mais je suis tout à fait certain que tout ira pour le mieux ! Et maintenant, allons nous coucher.

- Bonne nuit, Milord !

- Bonne nuit, Jenkins !

Lord Dufferin, qui a effectivement tenu le difficile poste d’ambassadeur de la Couronne d’Angleterre à Paris, est venu, comme l’on dit, se refaire une santé dans la somptueuse demeure que son ami Trelawney, gentleman-farmer, a mise à sa disposition. Une magnifique propriété au milieu de la campagne irlandaise. Et, ainsi que vous venez de l’entendre, après une journée de voyage assez éprouvante pour quelqu’un qui n’est plus un jeune homme, Lord Dufferin vient de prendre congé du maître d’hôtel, un digne homme aux cheveux blancs. Ils se sont souhaité mutuellement une bonne nuit. Mais pour l’ex-ambassadeur, elle ne va pas être bonne, la nuit qui vient. Elle va même, autant vous le dire franchement, elle va même être abominable. La pire nuit que Lord Dufferin connaîtra jamais…

Ayant procédé aux ablutions d’usage pour un lord – qui doivent, sauf erreur, ressembler à celles du commun des mortels -, Sa Grâce revient dans la chambre. S’attarde devant la cheminée. Guigne du coin de l’œil la carafe de cristal plein d’un liquide ambré où les flammes jettent des reflets fauves. Sa Grâce se décide à céder à la tentation. Sacré Jenkins ! Il n’a pas menti : pour du vrai brandy, c’est du vrai vieux brandy ! Sur un dernier claquement de langue, Lord Dufferin se couche et s’endort presque aussitôt avec un sourire satisfait. Il se réveille en sursaut au milieu de la nuit. Il s’assied dans le grand lit et réalise qu’il est trempé de sueur. Il ne sait pas pourquoi son sommeil s’est interrompu, mais il se sent oppressé. Une allumette craquée au de-dessus de la table de chevet lui permet de lire trois heures au cadran de sa montre. Trois heures. Il faut absolument se rendormir. C’est sûrement ce verre de brandy. Il n’aurait pas dû le boire. Comme dirait Jenkins : « Ca n’est plus de nos âges ! » Lord Dufferin se rallonge et enfouit sa tête dans l’oreiller.

Le sommeil revient. Et avec lui, juste au moment de se rendormir vraiment, revient l’image qui a fait se réveiller Lord Dufferin en sursaut. Une image floue mais terriblement angoissante. L’image d’un homme qui vient du lointain et qui s’approche lentement. Lord Dufferin sait qu’il ne dort pas. Il ne dort pas, mais il est engourdi. Juste assez engourdi pour ne pas pouvoir bouger, et juste assez conscient pour avoir peur. Il se demande en même temps pourquoi il a si peur de cette image. Ce n’est après tout qu’un rêve. Lord Dufferin sait qu’il est en train de rêver. Dans son rêve, la silhouette ne cesse d’avancer – lentement. C’est peut-être cette lenteur qui me fait peur, pense le vieux lord. Pourquoi cet homme avance-t-il si lentement ? On dirait… on dirait qu’il porte quelque chose… Mais oui : il porte quelque chose ! Dans une seconde, guère plus, l’homme sera assez près, dans le rêve, et Lord Dufferin pourra distinguer ce qu’il porte ainsi sur son dos, et savoir ce qui lui fait si peur, instinctivement. Mais non, il ne le saura pas, car il vient de se réveiller à nouveau, de se rasseoir dans le grand lit, encore plus trempé de sueur que la première fois…

Lord Dufferin est plutôt soulagé d’être sorti de ce cauchemar, mais, au fond, il ressent une sorte de regret de n’avoir pas rêvé tout à fait assez longtemps pour distinguer ce que cette silhouette transportait sur son dos. En maudissant ce verre de brandy qui est probablement la cause de tout, le vieux lord se lève, revêt une robe de chambre molletonnée pour éviter un refroidissement, et donne un peu de lumière. Et puis, sans trop réfléchir, il tire les rideaux et ouvre la fenêtre. Il fait aussitôt un pas en arrière : le paysage du parc, qu’il aperçoit pour la première fois sous cet angle… : c’est exactement ce qu’il voyait dans son cauchemar, à l’instant ! Et la silhouette est là aussi, qui avance avec la même lenteur effrayante ! Le lord a beau se dire de toutes ses forces qu’il refuse cela, qu’il doit refermer cette fenêtre donnant sur l’absurde, quelque chose l’empêche de bouger. Maintenant, il voit en quoi consiste le fardeau : l’être qui est là, en bas, porte sur son dos… un cercueil ! Un vieux cercueil moisi… Lord Dufferin sait que le cercueil est moisi à cause de l’odeur prenante qui monte vers lui.

A l’instant où elle passe sous la fenêtre, la créature lève la tête. Mais quelle tête ! Jamais Lord Dufferin n’a vu une telle laideur. C’est un amalgame de toutes les tares et de toutes les disgrâces que l’on peut imaginer, réunies sur une face humaine. A tel point que, plus tard, lorsque le vieil aristocrate racontera à quelques proches sa vision nocturne, il sera incapable de donner de ce visage une description cohérente. De même qu’il sera dans l’impossibilité de dire combien de temps l’apparition l’a regardé, ni comment elle s’est éloignée, ni encore de quelle manière il a regagné son lit. Il se souvient juste s’être éveillé au matin, avec dans la bouche un goût de cendres. Jenkins lui souhaitait le bonjour en servant le petit déjeuner. Un rayon de soleil automnal entrait par la fenêtre et le parc ne ressemblait plus du tout à ce dont il avait l’air dans la nuit.

Lord Dufferin a posé au maître d’hôtel des questions détournées, mais il était pour ainsi dire certain à l’avance des réponses.

- Un cimetière dans les environs ? Certes non, Milord !... Un homme de peine ? La nuit ? Dans le parc ? Transportant quoi donc, Milord ? Une sorte de grosse caisse de bois ? Certes non, Milord : personne ne se risquerait dans le parc la nuit, à cause des chiens ! Oui, Milord : de gros chiens de garde, particulièrement féroces, que nous lâchons dans la propriété pour dissuade les rôdeurs !

Après les questions bizarres que Lord Dufferin pose ce matin-là, Jenkins ne s’étonne qu’à moitié de l’entendre demander que l’on prépare ses bagages et de le voir renoncer à son séjour à la campagne. L’ex-ambassadeur va rester plusieurs mois à tourner et retourner le souvenir de cette nuit sans oser en parler à qui que ce soit. Tant par crainte du ridicule que par une sorte d’inexplicable appréhension, assez inattendue chez un personnage peu enclin à la superstition et qui a beaucoup roulé sa bosse. Puis, un soir, chez des amis intimes, la conversation en vient à tourner sur les histoires de surnaturel, et Lord Dufferin, enfin, se délivre en quelque sorte de son secret. Tout se termine sur un grand éclat de rire, et des considérations très humoristiques du Lord lui-même sur les dangers du vieux brandy. Débarrassé de cet encombrant souvenir par cette confession, Lord Dufferin oublie son cauchemar…

Ou du moins le croit-il. Car voici qu’un jour ses activités diplomatiques l’amènent à Paris. On a réservé pour Lord Dufferin une suite dans un des palaces des plus confortables. Lord Dufferin, sa serviette de maroquin noir à la main, attend l’ascenseur que le bagagiste vient d’appeler. Autour du Lord, d’autres diplomates en chapeau melon ou en turban hindou emplissent le grand hall de marbre d’un brouhaha de voix distinguées. Mais soudain, pour Lord Dufferin, tout s’estompe, devient flou, comme éloigné d’une année-lumière… C’est que l’ascenseur est là.

Les portes sont ouvertes et le liftier regarde Lord Dufferin. Lord Dufferin est face au liftier. Face au visage du liftier. Un visage qu’il connait. Un visage qu’il n’a pas pu oublier. Un visage d’une invraisemblable laideur. Un amalgame de toutes les tares et de toutes les disgrâces. Le visage même qui a fixé Lord Dufferin une nuit, dans un parc, en Irlande. Personne ne semble remarquer ce visage et sa laideur. Plusieurs diplomates sont déjà dans l’ascenseur. Lord Dufferin reste figé sur place, comme il était figé à la fenêtre la nuit du rêve. Le liftier au visage affreux ébauche quelque chose qui doit être un sourire. Il fait un geste du bras pour inviter Lord Dufferin à monter. Puis, voyant qu’il ne se décide pas, le liftier referme les grilles avec comme un air de regret…

La suite ? Certains d’entre vous se souviendront peut-être l’avoir lue dans les journaux de l’époque : la rupture brutale du câble, la chute de la hauteur des cinq étages, les hurlements, les débris de la cabine pulvérisée que l’on retrouve dans le sous-sol… les quatre cadavres que l’on en retire… Quatre cadavres : trois diplomates étrangers et le liftier.

Lord Dufferin a essayé de savoir qui était ce liftier. On n’a pas su lui répondre exactement. Ce n’était qu’un pauvre garçon, probablement un peu simple d’esprit, qui traînait devant l’hôtel et que l’on avait engagé pour une journée, en remplacement. Il n’avait pas de papiers sur lui, son signalement ne correspondait à celui d’aucun disparu, et personne n’a jamais réclamé le corps.

Nul ne pourrait dire s’il était aussi laid que Lord Dufferin le soutenait : la tête du malheureux a été complètement écrasée dans l’accident.
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